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Centre d’Etudes en Rhétorique, Philosophie et Histoire des Idées (CERPHI)

Responsable : Pierre-François Moreau
Responsable adjointe : Delphine Kolesnik-Antoine

CERPHI
ENS de Lyon (site Descartes)
15, parvis René-Descartes
BP 7000
69342 LYON cedex 07
Tél . : 04 37 37 62 55
Fax : 04 37 37 63 69
E-mail : moreau.pf free.fr

Présentation

Le premier noyau du CERPHI a été organisé par les chercheurs rassemblés dans le GRS (Groupe de recherches spinozistes). À une époque où il n’y avait pas, dans l’université française, d’institution consacrée au travail sur Spinoza, ils s’étaient donné trois tâches : publier une nouvelle édition/traduction des Œuvres complètes du philosophe néerlandais, fondée sur les recherches les plus récentes – alors qu’aucune édition de ce type n’avait été entreprise depuis les années vingt ; mettre au point chaque année un « Bulletin de bibliographie spinoziste » (en collaboration avec l’ « Association des Amis de Spinoza »), qui fut accueilli par la revue Archives de philosophie ; organiser des journées d’études, colloques et conférences qui devaient mettre les chercheurs français en relations entre eux et avec la recherche internationale. Ce fut fait dans le cadre d’une RCP puis d’un GDR du CNRS, avant le rattachement au CERPHI. Les trois entreprises initiales sont toujours d’actualité : après une longue phase d’élaboration destinée à mettre au point des critères uniformes et rigoureux, les deux premiers volumes des Œuvres (Traité théologico-politique et Traité politique) sont parus, le troisième est sous presse ; le Bulletin continue à paraître régulièrement ; les journées Spinoza de l’an dernier ont été consacrées à « Spinoza et les scolastiques » et en mars 2009 aura lieu une journée « Spinoza et l’histoire ».

Ce travail a été l’occasion d’une importante réflexion méthodologique : il a montré en effet, sur le cas de Spinoza

  1. qu’on ne peut vraiment étudier à fond un auteur qu’en le lisant à la lettre, c’est-à-dire à la fois dans l’ordre de ses raisons et de son argumentation et dans le détail philologique de ses formes d’écriture ; ainsi, à l’héritage des méthodes élaborées par les grands historiens de la philosophie, comme Gueroult ou Matheron (mais aussi Gouhier ou Beyssade, même s’ils ont plutôt écrit sur d’autres auteurs), il fallait joindre l’expérience philologique et ce qu’apporte d’irréductible l’épreuve de l’édition et de la traduction ;
  2. que la lecture interne et systématique, indispensable, ne suffit pas pour aller jusqu’au bout de la signification d’une œuvre et qu’il est nécessaire de l’articuler à une connaissance du contexte intellectuel dans lequel elle s’est développée et qu’elle a, à son tour, transformé – car sans cette connaissance on perd les enjeux autour desquelles l’œuvre s’est constituée ;
  3. que ce contexte lui-même ne peut être réduit à l’accumulation d’un certain nombre de noms et d’influences, mais qu’il ne possède sa puissance explicative que dans la mesure où on le conçoit comme le lieu de transformation d’une série de matériaux et de modèles intellectuels, de diffusion d’idées ou de formes de sensibilité, d’élaboration de nouveaux genres d’exposition, de circulation de concepts entre les pratiques scientifiques, esthétiques, politiques ou religieuses et la philosophie – transformation, élaboration, diffusion et circulation qui ne s’accomplissent presque jamais de manière paisible et homogène, mais s’effectuent au contraire au sein de controverses et de conflits où formes et notions sont objets de remaniements et de retournements. Il devenait donc nécessaire d’étudier d’autres auteurs, d’étudier aussi d’autres objets que les auteurs, et de confronter la philosophie à l’histoire des idées, par laquelle seulement elle pouvait être éclairée.

C’est sur cette base que s’est constitué le séminaire d’histoire des idées « Humanisme et Âge Classique » de l’ENS de Fontenay, qui a été consacré, de 1992 à 2000, à l’étude des origines de la modernité : héritages et controverses, matériaux et thématiques (comme par exemple l’approche pluridisciplinaire des passions à l’âge classique ; l’étude du retour des philosophies antiques aux XVIe et XVIIe siècles ; l’analyse des grandes « querelles » autour du paganisme, du statut de la musique ou des anciens et des modernes). Autour de ce séminaire s’est constitué le CERPHI, d’abord comme « jeune équipe » puis comme partie constituante de l’UPRESA 5037 (aujourd’hui UMR 5037) lorsqu’il est apparu que ses objets et ses méthodes de travail étaient proches de celles de l’Institut Claude Longeon de l’Université de Saint-Étienne, animé par Antony McKenna, ce qui justifiait scientifiquement un rapprochement institutionnel. Outre le séminaire sur Spinoza et celui sur Humanisme et Âge Classique, les recherches se sont développées dans le cadre de groupes de travail (sur Montaigne, sur le cartésianisme, sur la tolérance, sur la philosophie espagnole, etc.), de colloques et journées d’études (par exemple sur libertinisme et philosophie), enfin par des stages de formation méthodologique car il nous semblait nécessaire de réfléchir de façon systématique sur les méthodes d’approche que nous utilisions, de les expliciter et de les comparer à celles qu’avaient mises au point les différentes écoles d’histoire des sciences, de la philosophie et de la littérature (ainsi des discussions furent consacrées à Curtius, Spitzer, Jauss, Gilson, Gueroult, Blumenberg, aux notions de système, d’époque, de réception …).

Actuellement, depuis l’installation de l’école en Rhône-Alpes, le CERPHI a été renforcé par de nouveaux chercheurs travaillant dans le même esprit, aussi bien à Lyon qu’ailleurs ; il compte en son sein des historiens de la philosophie, des sciences et des idées littéraires. Son champ principal est l’âge classique au sens large, de l’humanisme aux Lumières et à l’idéalisme allemand ; mais on peut y étudier aussi l’héritage antique dans sa réception par la première modernité, ou inversement la réfraction de celle-ci à l’époque contemporaine ; l’essentiel tient à la démarche plutôt qu’à l’époque. Parmi ses principaux axes : d’abord une série de grandes éditions – Naudé, Spinoza, Montesquieu, Condillac (animées respectivement par Frédéric Gabriel, Pierre-François Moreau, Catherine Volpilhac, Aliénor Bertrand), car nous tenons toujours fermement au travail philologique comme base du travail philosophique ; ensuite des travaux de recherches sur des secteurs précis, dont des projets ANR (« Oracl », sur la Raison à l’âge classique, animé par Fabien Chareix et André Charrak ; « Augustin en Espagne », animé par Marina Mestre) ; enfin des séminaires : « Idées et controverses de l’humanisme aux Lumières » (Delphine Kolesnik, avec des chercheurs du GRAC), « Spinoza » (à Paris I, Chantal Jaquet, Pascal Sévérac, Ariel Suhamy), « Pensée du style » (Eric Bordas), « La fabrique des siècles : usages critiques et idéologiques des 17e et 18e siècles » (Michèle Rosellini et Florence Lotterie). Les champs pris en vue concernent l’ensemble de l’histoire intellectuelle européenne, comme en témoignent les travaux actuels de Pierre Girard sur l’Italie, d’Emmanuel Renault, Jean-Michel Buée, Jean-François Goubet, Jean-Paul Paccioni sur l’Allemagne, de Catherine Secrétan sur les Pays-Bas. Sans prétendre être exhaustif, on peut relever, parmi les objets dont traitent les membres permanents et associés du CERPHI : la pensée grecque et son héritage (Pierre-Marie Morel), la Renaissance et la Réforme (Marie-Dominique Cousinet, Tristan Dagron, Didier Ottaviani, Michel Jourde, Martine Furno), la tradition libertine et hétérodoxe (Hélène Bah-Ostrowiecki, Sylvia Giocanti, Nicole Gengoux, Sophie Gouverneur, Olivier Abel), les grands systèmes de l’âge classique (Eric Marquer, Arnaud Milanese, Marie-Frédérique Pellegrin, Nicolas Piqué, Antoine Hatzenberger, Gabrielle Radica) dont bien sûr Spinoza (Laurent Bove, Henri Laux, Lorenzo Vinciguerra, Saverio Ansaldi, Adrien Klajnman, Fabrice Audié), la mystique et les traditions religieuses (Dominique de Courcelles, Ghislain Waterlot), les rapports entre âge classique et philosophie contemporaine (Anne Sauvagnargues, Pascale Gillot). Enfin deux nouvelles équipes se sont récemment intégrées au CERPHI : le groupe Jean-Jacques Rousseau et l’Institut Desanti.

Voir en ligne : site du CERPHI