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ANR "Augustin en Espagne" (2007-2012)

Soutenu par Marina Mestre (ENS de Lyon) et Philippe Rabaté (Université de Bourgogne)

Ce projet sur les lectures et les emplois d’Augustin en Espagne aux XVI et XVIIe siècle s’inscrit dans la dynamique de recherche du Groupe de travail sur la philosophie espagnole classique (CERPHI, UMR 5037). Le travail du Groupe est né du constat de l’absence de travaux sur la pensée espagnole au sens large, à une époque où la philosophie ne se fait pas seulement dans les textes théoriques mais aussi, dans une large mesure, dans des textes dits « littéraires » et de fiction.

Le Groupe de travail sur la philosophie espagnole classique cherche, par son parti pris pluridisciplinaire, d’une part à mettre en commun le travail des hispanistes (qu’ils soient spécialistes de littérature ou de civilisation) et des philosophes, mais aussi à aborder les œuvres littéraires en les replaçant dans les débats théoriques et philosophiques de l’époque, ainsi qu’à remettre à l’honneur les textes théoriques espagnols, trop souvent oubliés au seul profit de l’école de théologie néo-thomiste de Salamanque.

Notre travail commun de plusieurs années, comme nos recherches individuelles respectives, nous ont montré à quel point l’Espagne des XVIe et XVIIe siècles, fut, comme l’Europe tout entière, profondément nourrie d’Augustinisme sans que ce matériau n’ait jamais été interrogé en tant que tel par un travail d’ensemble. En effet, contrairement aux cas d’Érasme ou de Sénèque, nous ne disposons d’aucune étude systématique et d’envergure sur le sujet, et il faut se contenter de références et d’analyses plus ou moins poussées au gré d’une recherche particulière, sur tel ou tel auteur. De la sorte, le lecteur familiarisé avec les textes d’Augustin peut pressentir, voire flairer, la présence ou l’influence plus ou moins lointaine de tel ou tel texte, de telle ou telle position augustinienne ou du moins qui semble l’être, mais ne dispose d’aucune véritable analyse d’ensemble.

La présence d’Augustin paraît donc aller de soi et avoir acquis un statut d’évidence qui interdit par là même qu’on l’interroge de plus près. Augustin, un des principaux Pères de l’Église, père de l’anthropologie fondatrice de tout l’occident latin, penseur de la justification de la guerre, ne saurait être absent dans une Espagne conquérante, secouée par d’intenses débats philosophiques et théologiques, et qui s’érige en défenseur de la foi catholique, puis de l’orthodoxie chrétienne, sous la direction de ses rois qui jouissent, dès 1494 du titre de « Catholiques ». Augustin serait donc une évidence, un toujours déjà là monolithique, à prendre tel quel et qu’on n’aurait même pas besoin d’interroger.

Or, dire qu’Augustin est partout, c’est ne rien dire, et ce simple constat ne saurait expliquer en quoi Augustin, par lui-même ou par ce que différentes traditions ont pu en retenir, nourrit la pensée espagnole du Siècle d’Or, qu’elle se manifeste par des textes de fiction ou théoriques. La présence d’Augustin, évidente lors du célèbre débat de Salamanque sur l’autorité d’Augustin en 1627 ou, de façon plus générale, dans les ouvrages des théologiens de Salamanque, est moins évidente, mais très féconde dès le début de la période qui nous intéresse dans tous les domaines de la vie intellectuelle espagnole. Elle méritait dès lors qu’on l’interroge et que l’on cherche à déterminer dans quelle mesure Augustin et l’augustinisme, bien plus qu’un vague néo-platonisme qu’on invoque en revanche très souvent, rendent compte de larges pans de la pensée espagnole du Siècle d’Or.

Le déroulement du projet s’organise en trois volets complémentaires :

  1. l’organisation d’un séminaire bi-annuel, en collaboration avec la Casa de Velázquez, qui se tient alternativement à Lyon et à Madrid.
  2. l’organisation d’un grand colloque international, ( qui aura lieu en novembre 2010 à l’ENS) et qui nous permettra de réunir les spécialistes qui n’ont pas pu participer au séminaire, et en particulier, de nombreux collègues étrangers.
  3. la rédaction d’un volume collectif de synthèse, dont le modèle intellectuel est très clairement le livre classique de Marcel Bataillon Érasme et l’Espagne.

Il s’agit bien sûr de consacrer les trois premières années à la réflexion, à la création d’une dynamique de recherche en amenant les collègues intéressés à travailler sur un sujet par définition peu travaillé, et de constituer un réseau nécessaire pour établir l’équipe de rédacteurs du volume collectif, car celui-ci ne doit pas se réduire aux seuls membres du projet.

Résultats attendus

  • publication d’un volume collectif de synthèse, le but premier du projet, et qui sera coédité par ENS Edition et la Casa de Velázquez
  • publication des résultats des séminaires dans des numéros spéciaux de la revue Criticón. Le premier numéro consacré à notre projet, le 107, est paru en janvier 2010. Le deuxième, en préparation, doit paraître début 2011.
  • publication des Actes du colloque

Au delà de ces publications, notre ambition est d’installer, à la fin de notre projet, notre sujet comme un objet d’étude ou en tout cas, comme une dimension à ne plus négliger par la recherche hispaniste (qu’elle soit historique, philosophique, littéraire). Si par l’existence des publication citées ci-dessous, et de la création de la dynamique de recherche sur ce sujet, nous y parvenons, le projet et l’équipe qui le porte aura réussi son pari.