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Accueil du site > Séminaires > Bilan des séminaires > 2008-2009 > L’objet « libertin » : Pensées philosophiques/éthiques sexuelles, 17e-18e siècles

Séminaire de recherche

L’objet « libertin » : Pensées philosophiques/éthiques sexuelles, 17e-18e siècles

organisé par Michelle Rosellini et Florence Lotterie

Argumentaire

Libertinus  : en latin, esclave affranchi. Par dérivation, à travers une série complexe d’inscriptions du mot dans des usages polémiques liés aux conflits religieux, le libertin est à la fois celui qui s’écarte des dogmes et celui qui vit dans l’écart de conduite. Débauché et impie, débauché parce qu’impie : comme si celui qui pense « mal » devait se comporter « mal », ou l’inverse. Cette assimilation constitue le fonds des attaques du Père Garasse qui ont déclenché le procès de Théophile de Viau (1623-1625) et déterminé la figure du « libertin ». Contre cette figure largement mythique, René Pintard s’est employé, dans une thèse qui fait désormais autorité, Le Libertinage érudit dans la première moitié du XVIIe siècle (Paris, 1943), à distinguer un « libertinage d’esprit » d’un « libertinage de moeurs ». On a pu admettre, dans l’étude des textes désignés comme « libertins », la bipartition générique entre un régime « galant » et un régime « philosophique » du discours, favorisant ainsi une pratique disciplinaire où les philosophes s’intéresseraient à l’examen des thèses de l’audace religieuse (le libertin comme marqueur de l’athéisme ou du moins d’une construction des fondements laïques de l’éthique) et les littéraires à une veine érotico-mondaine qui courrait de Sorel à Sade. Mais comment oublier que chez ce dernier, la « philosophie » (athée et matérialiste) n’est jamais si à l’aise que dans le boudoir ? Et comment rendre compte de l’affirmation d’un de ses héros, Dolmancé, selon laquelle la sodomie est « la seule jouissance vraiment philosophe » ? Ces observations incitent à explorer les enjeux littéraires de cette parenté originaire – et qui s’est avérée durable – des hétérodoxies : celle des convictions philosophiques et celle des choix d’éthique sexuelle.

Objectifs du séminaire.

Eclairer les enjeux intellectuels liés à un champ très actif de la recherche sur l’âge classique : suggestion d’un corpus libertin à partir de stratégies textuelles et d’identifications génériques susceptibles de déborder certaines frontières (entre le 17e siècle et les Lumières, entre le philosophique et le littéraire…) via la recherche de ce qui, dans les pratiques d’écriture et les modalités de réception, autorise une approche rénovée de l’articulation entre liberté de pensée et mise en question des normes sexuelles.
On pourra aborder au titre du corpus primaires des textes de Théophile de Viau, Charles Sorel, Tristan Lhermite, Jean-Jacques Bouchard, Cyrano, Dassoucy, Challe, Crébillon, La Mettrie, Fontenelle, Montesquieu, Diderot, Sade, Rétif, etc. … sans oublier les anonymes.

Programme

Lundi 2 février : Introduction sur « l’objet libertin » (1)

- Un objet éditorial  : les anthologies et leurs découpes : y a-t-il un « genre » libertin ?

- Un objet lexical et sémantique  : mots et définitions (dictionnaires et autres).

Lundi 9 février : Introduction sur « l’objet libertin » (2)
Un objet idéologique et polémique  : le lien pensée/moeurs, de l’invention du père Garasse à Sade, en particulier à travers la référence cynique : vers le débat sur la sexualité naturelle. Textes et approches critiques (ex. Eros rebelle, L’âge libertin).
Lundi 23 février  : « La troupe choisie ». Initiation et élitisme : Dispositifs pédagogiques et formes littéraires. (I). Le 17e siècle : l’espace du banquet, du modèle platonicien à Francion.
Lundi 2 mars  : Eros philosophique. Initiation et élitisme : Dispositifs pédagogiques et formes littéraires (II). Le 18e siècle : le modèle fontenellien et ses suites.
Lundi 9 mars  : La sexualité naturelle : destins de la postulation cynique et fictions de l’enfermement (du collège de Francion aux cloîtres de Diderot).
Lundi 16 mars  : Conférence de Sophie Houdard, auteur des Invasions mystiques. Spiritualités, hétérodoxies et censures au début de l’époque moderne (Les Belles Lettres, 2008) : autour des corps mystiques
Lundi 23 mars  : Vénus vulgivague (I)  : le poids de la référence lucrétienne au 17e siècle.
Lundi 30 mars  : Vénus vulgivague (II)  : le poids de la référence lucrétienne au 18e siècle.
Lundi 20 avril  : Pratiques : l’antiphysique et l’hétérodoxe (inceste, sodomie, masturbation)
Lundi 27 avril : dernière séance et synthèse (3h/13h30-16h30) : Tout dire ? Tout montrer ?

- Le mode de la voie/voix libertine : éclairer, encourager, faire oser ? De Bouchard à Sade, l’expérimentation du désir.

- Retour sur le « dispositif de sexualité » (M. Foucault, La Volonté de savoir).