La Philosophie clandestine à l’âge classique
Constitution d’une base de données des éditions critiques et des images numérisées des manuscrits philosophiques clandestins de l’âge classique
Projet ANR : dir. A. McKenna, en collaboration avec une équipe internationale : Justin Champion (Londres), Véronique Eglin (LIRIS, Lyon), Eric Olivier Lochard (ICL, UMR 5037), Gianluca Mori, Gianni Paganini (Vercelli).
Les manuscrits philosophiques clandestins, dont l’inventaire le plus récent est celui de Miguel Benítez, La Face cachée des Lumières, Paris / Oxford, Universitas / The Voltaire Foundation, 1996, comportant quelque 300 titres et plusieurs milliers d’exemplaires manuscrits répandus dans toute l’Europe. A côté des manuscrits philosophiques proprement dits, il existe aussi une correspondance substantielle témoignant de leur composition et de leur diffusion.
Nous constituons une une base électronique des manuscrits philosophiques clandestins, comportant l’édition critique et l’image des manuscrits, permettant des études d’attribution, d’emprunt, de plagiat et d’évolution du vocabulaire philosophique. Notre instrumentation permettra également la représentation sophistiquée de l’inventaire des manuscrits clandestins avec, à terme, des images des différentes versions manuscrites connues, permettant ainsi la constitution d’une base évolutive pour l’étude des graphies et pour l’identification des scripteurs.
Édition du catalogue autrichien de la censure sous le règne de Joseph II d’Autriche (1780-1790)
Ed. Jean-Pierre Lavandier et Fabienne Vial-Bonacci
Ce manuscrit encore inédit, comporte la liste de 1042 ouvrages interdits en Hongrie, alors sous dépendance habsbourgeoise, à la fin du XVIIIe siècle. Cette édition a pour ambition de restituer la liste des ouvrages censurés par la cour de Vienne, mais aussi de comprendre les mécanismes et évolutions de la censure. Par une étude approfondie des titres, on tentera de cerner comment la censure a pu favoriser le parti philosophique. On cherchera également à étudier la diffusion de la littérature clandestine, plus particulièrement française, en Europe du Nord. En effet, la prépondérance des ouvrages en langue française dans ce catalogue de livres d’Europe centrale incite à s’interroger sur les modalités de production, de diffusion et de circulation de ces éditions. Se pose dès lors la question de la distribution commerciale du livre dans le phénomène de diffusion d’un modèle culturel français à travers l’Europe. La fréquence et la rapidité des traductions d’ouvrages étrangers en français que l’on observe à la même époque suggère toutefois de substituer à une problématique du rayonnement de la culture française, celle, semble-t-il plus appropriée, d’échanges ou de réseaux culturels, que l’on essaiera de cerner ici.
Édition des Réflexions morales et métaphysiques sur les religions et sur les connaissances de l’homme, manuscrit philosophique clandestin
Ed. Antony McKenna
On trouve dans le fonds Marchand de Leiden une lettre adressée par un certain Delaube (ou De Laube) de Lyon du 13 août 1715 à Reinier Leers, le célèbre éditeur de Bayle, qui était mort quelques mois auparavant (en novembre 1714). La maison d’édition de Leers avait été achetée dès 1709 par Caspar Fritsch et Michael Böhm, mais ceux-ci ne semblent pas avoir eu connaissance de la lettre de De Laube, dont une copie existe, de la main de J.N.S. Allamand, le légataire universel de Leers, sous le titre : Programme impertinent pour un livre plus impertinent encore contre la religion : argumenti libri edendi de religione abolenda. De Laube proposait, en effet, à Leers de publier un ouvrage dont il résume l’argumentation.
On trouve dans les bibliothèques de Grenoble et de Rouen des copies d’un manuscrit intitulé Réflections morales et métaphysiques sur les religions et sur les connoissances de l’homme, qui correspond parfaitement à l’ouvrage décrit par De Laube dans sa lettre à Reinier Leers. L’exemplaire de Grenoble est daté de “Lyon 1742”, et nous avons trouvé trace de la famille du chevalier Jacques de Laube, seigneur de Bron, aux archives de Lyon. Ce philosophe amateur donne une expression forte, éloquente, à une pensée à fois anti-chrétienne, anti-pascalienne, et anti-rationaliste. Nous y trouvons les prémisses de l’immatérialisme de Berkeley déduites des « visions » de Malebranche et les indices d’un sentiment qui annonce très précisément celui de Rousseau et qui s’oppose, en ce sens, à la raison des philosophes.
La Lettre clandestine. Bulletin d’information sur la littérature philosophique clandestine de l’Age classique
Dir. Ed. Antony McKenna
Fondé par Olivier Bloch et Antony McKenna, dirigé actuellement par Antony McKenna, ce périodique connaît un grand succès et jouit du soutien du CNRS ; il paraît aux Publications de l’Université de Paris-Sorbonne (PUPS) et il est le fruit d’une collaboration entre l’UMR 5037 et le CELLF (UMR 8599) de Paris IV. Chaque numéro (annuel) comporte un dossier thématique, préparé lors d’une Table ronde organisée à l’Université de Créteil, une section de Varia, articles divers, notes de recherche, etc., et une section de Bibliographie très utile dans ce domaine qui couvre plusieurs disciplines. La Lettre clandestine est un lieu de rencontre et de collaboration, neuf et utile, entre historiens des idées religieuses et philosophiques, et cette collaboration s’étend aux historiens du livre et du colportage, et aux historiens de la Justice à l’Age classique, nous permettant d’organiser un grand colloque international sur le thème : “Le délit d’opinion à l’Age classique : du philosophe au colporteur”.
Projet de colloque sur Cramail
Dir. Dominique Bertrand
La personnalité d’Adrien de Monluc, seigneur de Montesquiou, comte de Cramail, petit-fils de Monluc, auteur d’ouvrages sous pseudonyme, qui fut embastillé douze années durant, fera l’objet d’un colloque préparé en collaboration avec Christian Bonnet, spécialiste de littérature occitane (Université Blaise Pascal, UFR Lettres).
Programme de recherche sur Le cynisme à l’époque classique
Responsable : Dominique Bertrand
Ce projet actuellement en cours de définition précise peut s’inscrire tant dans l’axe sur Naissance et affirmation de la libre pensée que dans l’axe Les grands courants philosophiques de l’UMR, au croisement des travaux récents réalisés par les membres de l’UMR sur le retour des philosophies antiques à l’âge classique et des recherches d’EQUIL XVI sur la libre pensée. Il prendra appui sur les publications de D. Bertrand sur Dassoucy, en liaison avec ses thésards travaillant sur le mouvement libertin.