Intégré à l’UMR en 2008, cet Institut rassemble les archives de J.-T. Desanti et développe ses activités dans trois directions principales : archive numérique, publications, recherche sur la philosophie de la connaissance à l’âge classique dans l’esprit du travail de J.-T. Desanti.
A) Archive Numérique Desanti
Resp. David Wittmann
Les archives de Jean-Toussaint Desanti, composées de 16 000 documents environ (cahiers, feuillets, articles, mémoires et thèses, coupures de presse, etc.) représentent un ensemble évalué à plus de 60 000 pages. Une convention entre l’ENS LSH et l’IMEC (Institut Mémoires de l’édition contemporaine) a permis d’élaborer une stratégie de préservation et de valorisation de cet ensemble documentaire.
David Wittmann réalise l’analyse intellectuelle complète de l’archive en rédigeant, pour chaque pièce, une notice descriptive et en établissant également la transcription de certaines d’entre elles.
Les manuscrits sont entièrement numérisés à l’ENS LSH 1. L’objectif est de numériser l’archive au plus près de l’état dans lequel elle a été découverte, et d’opérer les reclassements intellectuels après coup, sur l’archive numérique. Une procédure documentée de numérisation et de nommage des fichiers image permet de restituer cet "état initial de l’archive", en conservant par exemple l’information relative aux degrés d’insertion des feuillets les uns dans les autres.
Au fur et à mesure de cette numérisation, et après un contrôle qualité image par image, les manuscrits sont restitués par lots à l’IMEC en vue de leur conservation, tandis que l’ENS LSH se charge de la pérennisation de l’archive numérique. Le catalogue des notices, qui permet d’explorer le fonds et assure le lien entre l’archive physique et l’archive numérique, sera servi en ligne (les notices respectent le format archivistique EAD).
Enfin, dans le cadre du Cluster 13, cette archive numérique donne lieu depuis novembre 2007 à un travail de thèse en informatique théorique sur l’annotation collaborative de corpus et les documents multistructurés, travail mené par Pierre-Edouard Portier (laboratoire LIRIS) : http://cluster13.ens-lsh.fr/spip.php?article102
B) La bibliothèque Desanti
Resp. Lucie Chataigné-Pouteyo
La bibliothèque de l’Institut Desanti est composée de deux pôles. Le premier est constitué par le don de Dominique Desanti, à l’ENS-LSH, de l’essentiel de la bibliothèque de Jean-Toussaint Desanti. Cette dernière, constituée d’ouvrages de philosophie, de science et d’histoire des sciences, témoigne de la diversité des intérêts de Desanti et de la précision de ses lectures scientifiques, en même temps qu’elle nous informe sur une partie des sources utilisées par le philosophe. Cette bibliothèque représente environ 1600 volumes, dont beaucoup comportent des dédicaces, comme celles par exemple de J. Derrida, E. Morin, G. Condominas, etc.
Dans une salle voisine, un second pôle propose une collection d’ouvrages (environ 1300 volumes), que l’Institut augmente chaque année. Il fonctionne de concert avec le don, dans la mesure où il a pour but de le compléter et d’en prolonger les thématiques en philosophie, en épistémologie et en histoire des sciences contemporaines. Le principe d’acquisition auquel répondent les achats effectués pour ce documentaire est double. D’une part, il s’agit, fidèlement à l’Institut et à son origine, de reconstituer la « bibliothèque idéale » de Jean-Toussaint Desanti, c’est-à-dire de se procurer les ouvrages à partir desquels celui-ci a travaillé et qu’il ne possédait pas en propre. D’autre part il s’agit de faire de la bibliothèque Desanti un pôle documentaire en philosophie des sciences et en sciences humaines à la fois original, rare, complet et cohérent, dans l’esprit de recherche qui avait animé J.-T. Desanti. Il s’agit donc de s’ouvrir aux différents courants de réflexion en épistémologie et en sciences contemporaines qui sont susceptibles d’intéresser les étudiants et chercheurs d’horizons disciplinaires différents et qui prolongent les pistes de réflexion déjà lancées par J-T Desanti. Dans cette seconde optique, les propositions d’acquisitions vont en deux sens : dans le sens d’une actualisation des collections déjà présentes, en complétant les corpus des philosophes et scientifiques les plus importants et en acquérant des textes et des études plus récents ; dans le sens de l’acquisition d’un ensemble d’ouvrages de référence dans chacune des sciences et des domaines représentés (études, ouvrages de synthèse, manuels) permettant de rendre les collections plus homogènes et plus complètes.
La ligne d’acquisition 2009 s’est efforcée de compléter de manière définitive certaines collections jusqu’ici partielles du don, dans le but de reconstituer la bibliothèque de J-T Desanti : d’où l’achat de certaines œuvres jusqu’ici manquantes de Sartre, Merleau-Ponty, Canguilhem ou encore Bachelard. Elle s’est également axée sur le contexte social, historique et politique dans lequel les recherches philosophiques et scientifiques de J-T Desanti ont pris sens.
C) Séminaire d’histoire du problème de la connaissance : Fonder les sciences en site empiriste
Resp. André Charrak
L’objet de ce séminaire sera d’identifier la place de l’empirisme du XVIIIe siècle dans l’histoire du problème de la connaissance à l’âge classique, c’est-à-dire sous l’horizon ouvert par les développements de la mécanique et par la critique cartésienne de la logique. Souvent rabattu, par un effet du prisme humien, sur un scepticisme plus ou moins conscient de lui-même, l’empirisme des Lumières doit selon nous être compris dans la spécificité de ses diverses figures (on s’intéressera ainsi à une tradition franco-berlinoise, plutôt qu’aux auteurs de langue anglaise) et dans le dialogue technique qu’il entretient avec les grandes décisions théoriques de Descartes et de Leibniz, autant que de Locke et Newton. Cette perspective nous conduira d’entrée de jeu à mettre en question – et finalement à écarter – le concept d’épistémè, qui permet à Foucault de penser l’articulation des analystes empiristes avec l’histoire de la mathesis universalis, étant posé que nous essaierons en fin de compte d’identifier le lieu véritable d’une telle articulation. L’enquête mobilisera les exemples de plusieurs savoirs positifs (l’histoire naturelle, la musique, la mécanique rationnelle), afin de rendre lisible une position théorique privilégiant l’élucidation de la connexion effective des sciences par rapport à la recherche de leur origine.