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Édition critique avec traduction du De disciplinis de Juan Luis Viviès

Responsable : Tristan vigliano

Le De disciplinis est un important traité sur les savoirs et les enseignements, publié en 1531 par l’humaniste et évangélique espagnol Juan Luis Vives. Cet ami et disciple d’Érasme, né vers 1492 et mort en 1540, nous est connu pour ses travaux d’éditeur, de philosophe, de moraliste, mais aussi de pédagogue : son œuvre est entièrement composée en latin. Elle eut sur la Renaissance, et jusqu’au XVIIe siècle, une influence considérable : la lettre de Gargantua paraît un an après le De disciplinis ; Montaigne puise une partie de ses développements sur l’institution des enfants dans une pédagogie humaniste dont Vives est un des théoriciens les plus influents ; la ratio studiorum des Jésuites, bien qu’indirectement, hérite de ses conseils.

La première section du De disciplinis, De causis corruptarum artium, propose une critique de l’enseignement scolastique. La deuxième section, De tradendis disciplinis, prépare un programme d’éducation complet, de la petite enfance à l’âge adulte. La troisième section, De artibus (Des arts) ferait de l’ouvrage un triptyque, si elle ne se composait de livres assez indépendants les uns des autres, de teneur principalement métaphysique et dialectique. Dans ce vaste traité (160 ff., in-fol.), Vives met en lumière les vices de forme de l’enseignement médiéval, puis essaie de les surmonter, en se plaçant toujours du point de vue de l’enfant, ou de l’étudiant : le savoir n’a de sens, à ses yeux, que par la transmission vers laquelle il doit être dirigé. Mais cette transmission obéit, à son tour, à un dessein qui est explicitement religieux : former un élève, c’est former un chrétien, c’est l’édifier. Ce qui explique que Vives déconstruise avec soin tout argument d’autorité, quel qu’il soit, qui ne serait pas tiré de la Bible : le culte dont Aristote fait trop souvent l’objet lui est particulièrement odieux, et il n’a de cesse d’examiner les différents décrets du Philosophe pour les soumettre à la pesée de la raison.

Un autre intérêt que présente cette « somme » est la diversité des domaines qu’elle aborde : sa pluridisciplinarité, dirions-nous aujourd’hui. Vives traite ainsi des arts en général, puis de la grammaire, de la rhétorique, de la dialectique, de la philosophie naturelle (physique, mathématique, métaphysique), de la morale et du droit : avec chaque chapitre nouveau apparaît un nouveau lexique spécialisé. Mais l’auteur du De disciplinis a pris soin de conjuguer à l’ampleur du propos une élégance toute particulière : ses contemporains admiraient du reste une virtuosité rhétorique qui se manifeste par l’emploi de périodes cicéroniennes, de tours et de locutions parfois très classiques, parfois baroques avant l’heure. Et certaines pages, comme celles qu’il consacre à la critique de la disputatio scolastique, peuvent en effet être tenues pour des chefs-d’œuvre de la prose néo-latine. Mais elles n’étaient pas jusqu’ici disponibles en français.

Aussi souhaitons-nous donner du De disciplinis une édition traduite et commentée, à paraître aux Belles Lettres (contrat signé, collection « Le miroir des humanistes ») en deux tomes : la première partie, Les Causes de la corruption des arts, devrait être publiée au printemps 2011 ; la deuxième partie, Des savoirs à transmettre, à la fin 2011. L’ensemble sera publié sous le titre : Savoir et enseigner.

Post-scriptum :

Publiée en 2013 : Juan Luis Vives, De disciplinis / Savoir et enseigner