Partenaires

IHPC
CNRS
ENS de Lyon Université Blaise Pascal- Clermont-Ferrand
Université Lumières - Lyon 2 Université Jean Monnet - Saint-Etienne


Rechercher

Sur ce site

Sur le Web du CNRS


Accueil du site > Colloques > Archives > 14-16 janvier 2010 : Penser la guerre au XVIIe siècle. Philosophie pour une notion non philosophique : modèle, paradigme, métaphore, concept

Colloque

14-16 janvier 2010 : Penser la guerre au XVIIe siècle. Philosophie pour une notion non philosophique : modèle, paradigme, métaphore, concept

organisé par Ninon Grangé et Pierre-François Moreau

Responsable scientifique : Ninon GRANGE
Institutions organisatrices :
CERPHI (UMR 5037)-LLCP (EA-4008)
Organisateurs :
Ninon GRANGE, Pierre-François MOREAU
Partenaires :
ENS-LSH, Centre d’Étude d’Histoire de la Défense (Ministère de la Défense), Direction des Archives du Ministère des Affaires étrangères
Date et lieu du colloque : 14, 15, 16 janvier 2010 (deux journées et demie), université Paris 8

Comité d’organisation :
Ninon Grangé (Université Paris 8), Cécile Nicco (Le Mans).

Comité scientifique :
Stéphane Douailler (Université Paris 8),
Pierre-François Moreau (ENS-LSH),
Jean Terrel (Université Bordeaux III).

Problèmes de départ

Le problème de départ, qui fait la trame de ce projet de colloque, est une présence-absence : la guerre, au XVIIe siècle, semble intuitivement constituer au moins un horizon, au plus un objet parmi d’autres très concrets dans la pensée du XVIIe siècle. Pour autant, à y regarder de près, c’est plutôt sa relative absence qui frappe le lecteur des philosophes de l’époque comme si la guerre, suffisamment présente dans la réalité, ne méritait pas mention et traitement véritables. La pensée politique lui confère apparemment une place d’évidence. Or en tant qu’expression réelle et évidente des relations entre États, la guerre joue nécessairement un rôle dans la pensée et dans l’élaboration des systèmes. C’est ce rôle que nous nous donnons pour objet d’investigation collective, afin de découvrir la place de la guerre dans la philosophie du XVIIe siècle : imprègne-t-elle la pensée politique sans pour autant figurer parmi ses concepts, ou bien constitue-t-elle un obstacle, une épreuve pour la pensée, de sorte qu’il faille la définir, la caractériser, en dessiner le rôle, bref revoir nos lectures avec ce nouvel angle d’attaque ?
Dans un premier temps on peut établir une distinction entre les philosophes qui font place, d’une manière ou d’une autre, à la guerre (Hobbes, Spinoza), et ceux qui y font de rares allusions (Descartes). Au-delà de la raison de cette absence d’homogénéité là où, dans les corpus, il existe pourtant bien des convergences de thèmes ou des discussions de concepts, quand les philosophes se répondent les uns aux autres, c’est l’indice d’un objet philosophique, peut-être en formation, non immédiatement reconnu comme tel. À cet égard le siècle suivant élèvera beaucoup plus clairement la guerre au rang de concept dans une littérature centrée sur la recherche de la paix perpétuelle.
Le rôle central de la philosophie de Hobbes au XVIIe siècle, philosophe scandaleux, discuté, haï et pourtant abondamment cité, ne nous retiendra pas seulement pour son originalité et ses ambiguïtés, qui ne sont plus à démontrer, mais aussi pour son rôle de témoin, de réactif quant à la place de la guerre dans la philosophie du XVIIe siècle en général (Bramhall, Filmer, Hyde…). Dans ce cas, par exemple, on peut avancer qu’il n’y a pas de rupture entre l’âge classique et les Lumières (cf. Locke, Rousseau).
Il est difficile d’assigner un statut unique à la notion de guerre, nécessairement plus fluctuante dans sa définition que d’autres notions rapportées à un auteur précis : illustration chargée de rendre compte d’une théorie, paradigme, concept à part entière au même titre que les catégories classiques de la philosophie politique, instrument pour exprimer d’autres domaines, situation juridiquement formulable ? Le contexte de l’élaboration d’une pensée, d’un système, aura d’autant plus d’importance, et les noms de Bodin, Hobbes, Grotius, Pascal, ne sont pas les seuls à devoir être évoqués.
La liste est ouverte, qui entend éclairer les différentes acceptions de la notion de guerre dans les systèmes philosophiques du XVIIe siècle, et qui prend en compte le fait que, pour être d’abord assez indéterminée, la place de la guerre peut avoir plusieurs dimensions en même temps, rien n’étant jamais fixé : dans un système, la guerre est bel et bien non systématique. Peut-on alors parler d’une pensée de la guerre ?

Objectifs

• La première volonté qui présidera à ces journées consistera dans la conservation des ambiguïtés et des polysémies de la guerre tout en cherchant à conjuguer, dans la mesure du possible, la recherche en histoire de la philosophie, pour éclairer sous un nouveau jour la philosophie classique, et la philosophie par concept, ce qui, dans l’hypothèse la plus optimiste, nous permettrait de dessiner une nouvelle histoire philosophique de la guerre.
• La deuxième volonté qui présidera à ces journées sera donc le souci de reprendre la réflexion à partir de la guerre comme nouveau filtre pour comprendre une pensée philosophique non homogène — la rupture avec un Moyen-Âge centré sur la guerre de siège et la théorie thomasienne de la guerre juste, la continuité ou non avec la pensée des Lumières —, voire les mécanismes empruntés par ces systèmes philosophiques : paradigme, instrument opératoire ou concept ?
• Le troisième axe de recherche en est une conséquence et consiste dans l’hétérogénéité entre histoire et philosophie. Le XVIIe siècle connaît des guerres multiples et diverses, guerres interétatiques, guerres civiles, traités, alliances aux implications parfois discordantes… Les tentatives pour limiter la guerre (juridiquement pour Grotius, stratégiquement pour certains généraux, politiquement pour Richelieu) voisinent avec des déchaînements sans limite (Louvois dans le Palatinat) ou avec des implosions intérieures (la guerre civile anglaise) qui ne semblent pas pensés d’emblée sur le même registre que ce qu’on appelle la guerre classique, si celle-ci a jamais existé en l’état. Pourtant les analyses érudites font place à l’impact de la guerre de Trente Ans et au traité de Westphalie au détriment d’autres événements. Il importera donc de revenir sur le lien entre le contexte historique visible, les événements violents passés sous silence et l’élaboration philosophique. L’effort portera sur l’éventuel lien entre contexte historique belliqueux, idéal de paix et de limitation et la construction de l’argumentation philosophique. De là pourra éventuellement être résolue l’alternative de la « guerre philosophique » entre illustration, image ou concept.

Organisation des journées du colloque :

Par thème

1) La guerre : ordre naturel, désordre politique ? L’anthropologie politique et le système philosophique dans le siècle.
2) Passages : histoire, histoire de la philosophie, histoire de la notion « guerre ».
3) Littéralité ou métaphore, la guerre comme phénomène premier ou comme concept ultime ?

Par questionnement

A) Quel est le cheminement qui va de la guerre comme simple écho problématique, historique, juridique dans la philosophie, à la guerre comme concept si du moins celui-ci existe ?
B) Une partie de la réponse tiendrait au degré de littéralité qu’on accorde au mot « guerre » et à son degré métaphorique, susceptible d’opérer dans une pensée et qui va de la sémantique à la conceptualisation ; c’est une hypothèse.
C) Par extension aux systèmes, quels sont les modèles auxquels on emprunte des instruments, des concepts pour penser un objet non philosophique comme la guerre : mathématique, physique, juridique, moral ? Ou au contraire, la guerre entraîne-t-elle son propre système de références qu’il faudra alors identifier ?

Dans tous les cas on cherchera à prendre en compte toutes les formes de guerre, celle de l’état de nature, la guerre civile, la guerre de religion, la guerre interétatique, la guerre de conquête etc.

Intervenants

Luc BOROT (Maison Française d’Oxford) : « Le concept de guerre et la réalité de la guerre chez Hobbes dans sa politique et ses histoires »
Hélène BOUCHILLOUX (Université Nancy2) : « Pascal : une dialectique des figures de la guerre »
Alain BROSSAT (Université Paris 8) : « La guerre sans l’Etat – l’hétérotopie Coxinga »
Maria Luisa CAMARA GARCIA (Universidad de Castilla-La Mancha) : « La mémoire de Fray Bartolome de Las Casas (XVIe siecle) chez Francisco de Quevedo (XVIIe siecle) : déplacement des enjeux sur la "guerra justa" »
Stéphane DOUAILLER (Université Paris 8) : « La guerre classique et le meurtre démocratique »
Jérémie DUHAMEL (EHESS) : « Vertus et temporalités de la guerre chez Hobbes »
Hervé GUINERET (Université de Dijon) : « Grotius et la guerre : de la justification a la justice »
Jean-Vincent HOLEINDRE (EHESS-Centre Raymond Aron) : « La ruse et la guerre au XVIIe siècle »
Nicolas ISRAËL (Université Lyon 3) : « La guerre parmi les populations au XVIIe siècle »
Jacqueline LAGRÉE (Université de Rennes 1) : « Guerre et Anthropologie dans le néostoïcisme. »
Catherine LARRÈRE (Université Paris 1) : « Guerre privée et guerre publique dans le Droit de la guerre et de la paix de Grotius »
Cécile NICCO (Le Mans) : « La guerre chez Spinoza : une réalité à rationaliser ? »
Jean TERREL (Université Bordeaux III) : Intitulé provisoire : Hobbes penseur de la guerre ?
Dominique WEBER (CPGE, lycée Jules Michelet, Vanves) : « Les « batailles du Seigneur » des « saints » puritains anglais du XVIIe siècle : des guerres d’un nouveau genre ? »