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Programme Rire et contacts de culture

Responsable : Dominique Bertrand

Dominique Bertrand poursuit, en les élargissant, ses recherches sur le rire et le burlesque. Les contacts avec les USA et l’Italie permettront de donner à ce projet une dimension internationale.

Dans le prolongement des colloques « La France et la Suède aux XVIIe et XVIIIe siècles » et « La France et le monde luso-brésilien », le CERHAC se propose de poursuivre son programme de recherches interculturelles. S’agissant des liens entre la France et l’Italie, qui ont déjà fait l’objet d’études et de colloques, il nous est apparu judicieux de centrer nos investigations autour du rire et des échanges satiriques et facétieux entre les deux pays. Le dialogue des rires entre France et Italie peut être entendu au premier degré et il engage des enquêtes précises sur la circulation des œuvres et des thèmes comiques : une place importante sera réservée à la diffusion de la commedia dell’arte mais il conviendra d’approfondir d’autres éléments, telle l’interaction de la poésie bernesque italienne et de la vogue burlesque en France qui se poursuit tout au long du XVIe et du XVIIe siècles. La circulation des thèmes comiques croise aussi un « rendez-vous des savoirs » sur le rire, comme en témoignent les travaux de Nuccio Ordine sur les théories de la nouvelle et du rire. On n’omettra pas de réfléchir sur les réécritures et transpositions qu’implique le transfert du « rire » d’une langue dans une autre, d’une culture dans une autre : ce qui invite à prendre en considération la part et le rôle des traductions. Le déplacement des motifs comiques d’un pays à l’autre invite aussi à examiner des processus de transposition sémiotique, à l’instar de ces portraits de « curieux » que La Bruyère aurait construit selon Lanavère sur le modèle d’œuvres picturales italiennes ou italianisantes. Reste que le dialogue des rires se résume quelquefois à un dialogue de sourds : exemple de ces difficultés de circulation du comique et de l’ironie, la lecture uniformément sérieuse de l’Arioste en France constitue un des cas susceptible de nous intéresser a contrario. On envisagera d’autre part des échanges facétieux au second degré, qui relèvent du regard porté par les uns sur les rires et les pratiques comiques des autres : admiration ou dérision ? Ces questions ouvrent sur une représentation des « caractères » des nations, dans lesquels la frontière entre contact et conflit de cultures devient labile, excédant le strict domaine du comique : on songe, du côté français, à la dénonciation par Guez de Balzac ou Bouhours du « ridicule » de la langue italien, à la revendication d’un rire « à la française », soigneusement démarqué de la bouffonnerie intempestive des Italiens, aux italianismes dont usent La Bruyère ou Louis Petit pour épingler des personnages fanfarons et outrecuidants. L’imaginaire du rire, loin d’être anecdotique, apparaît comme un enjeu majeur de l’interculturalité et de la construction des identités linguistiques et littéraires. La parenthèse des guerres d’Italie invite à une investigation spécifique, dans le champ des écritures satiriques et des représentations polémiques. Ces aspects, abordés déjà par des travaux de C.A. Fiorato et d’Alessandra Pedra, pourraient faire ici l’objet d’un questionnement systématique, autour de la dialectique du contact et du conflit. Ces questions concernent aussi la période de la Fronde, dans sa part de cristallisation pamphlétaire contre une figure venue d’Italie, Mazarin.